EMI | Qu'est-ce qu'une source ?
Indispensable au journaliste dans l’exercice de son métier, la source désigne une personne ou un organisme à l’origine d’une information. Institutionnelles ou privées, officielles ou secrètes, directes ou secondaires, les sources sont extrêmement variées. C’est pourquoi les journalistes doivent les utiliser avec précautions et méthode. Vérification et recoupement sont ainsi indispensables pour que la source devienne une information fiable grâce au traitement journalistique.
A l’origine de l’information
Les agences de presse
Bien qu’elles ne soient pas des sources à proprement parler, les agences de presse sont souvent à l’origine de l’information. Elles assurent la collecte d’informations (texte, photos et vidéo) redistribuées aux médias après abonnement.
Trois d'entre elles sont mondiales et généralistes
D’autres sont nationales, de structure coopérative ou étatique.
L’AFP
Un jour à l'AFP c'est :
- 5 000 dépêches dont 1250 dépêches multimédia
- 3 000 photos
- 250 vidéos
- 100 infographies et vidéographies
L’article 3 de la charte des bonnes pratiques et conduites éditoriale, de l’AFP précise que :
« Les journalistes de l'AFP protègent la confidentialité des sources et ne les mettent jamais délibérément en danger. »Télécharger
Conscient de l’importance vitale de la fiabilité des sources, l’AFP a publié un guide de 20 principes concernant les sources :
1) Donner la source dans le premier paragraphe
2) Identifier la source
3) Les sources anonymes
4) Savoir douter de ses sources
5) L’attribution
6) Les sources indirectes
7) Les analystes
8) Les citations
9) Le desk face à la question des sources
10) Les contenus tiers
11) Le domaine public
12) Les rumeurs et le « bruit » sur les réseaux sociaux
13) La protection des sources
14) Conserver ses notes et ses enregistrements
15) Les relations avec les sources
16) Les relations sur les réseaux sociaux
17) Les annonces de décès
18) Les relations avec les forces de l’ordre
19) La couverture des conflits
20) La couverture de l’actualité économique et financière
TéléchargerLes agences communiquent les informations textes sous forme de dépêches aux règles d’écriture stricte. Rapidité de transmission, précision des termes, structuration du texte sont les maitres mots. C’est cette “information brute” qui, récupérée par le journaliste sera complétée, traitée et mise en forme selon la ligne éditoriale du média pour lequel il travaille.
www.lumni.frLe circuit de l'information
Exemple fictif. Eruption du volcan à La Réunion
Comment une information arrive-t-elle dans un journal ?
Dépliez complètement 1jour1actu pour découvrir l’Info en grand, un sujet à afficher dans votre classe.
Découvrez le circuit d’une information et le travail de préparation des journalistes avant d’écrire leur article.
La séance d’actu, une fiche prête à l’emploi, réalisée par un conseiller pédagogique, vous permettra de travailler autour de la thématique “presse”.
Comment fonctionne Google ?
Cette infographie explique en images animées le mode de fonctionnement de Google :
un
crawler (collecteur en français) parcoure le Web pour collecter les données
pour
cela il utilise un robot, Googlebot
Knowledge Graph, une base de connaissance compile les résultats avec des informations
sémantiques et
des algorithmes de pertinence
Un
snippet Google présente les résultats de recherche en fonction des différents types de
résultats
(images vidéos, réponses directes, etc.).
Google Actualités
Google Actualités ou Google News est un service en ligne gratuit de Google qui présente de façon automatisée des articles d'information en provenance de sources sur le Web. Il fonctionne de la même manière qu'un moteur de recherche, en n'indexant que les articles de presse.
Google Actualités recense par exemple 500 sources francophones et Google News 4 500 sources anglophones. Chacune des sources sélectionnées est scrutée plusieurs fois par jour pour indexer les nouveaux articles. Le contenu des articles est ensuite analysé à l'aide d'algorithmes pour déterminer le sujet.
Ensuite les articles sont triés par degré de pertinence. Pour cela, Google prend en compte à la fois de la notoriété de la source et compare avec d'autres articles publiés sur le même sujet, dans un même laps de temps.
En fonction de cela, l'article va être plus ou moins bien classé sur la page de Google Actualités et lors des requêtes faites par les utilisateurs.
Reprenons le snippet d'info...
On voit que l'article provient de Allociné
Plus précisément, un clic dans le titre fait apparaître la page dont est tiré l'article : https://www.allocine.fr/diaporamas/cinema/diaporama-18657814/
Est-ce pour autant l'avenir du journalisme ?
A vous de vous faire une idée
En tous les cas, au départ, il y a toujours ou presque un journaliste qui donne une info.
Les sources journalistiques
Rédactions et journalistes reçoivent aussi des informations via un ensemble de documents adressés par des organismes ou sociétés :
Dossier de presse
D’une dizaine de pages il vise à présenter une entreprise, un produit ou un événement. Rédigé dans un style journalistique, il contient des informations précises, le plus souvent chiffrées et mentionne une personne contact qui pourra éventuellement fournir des précisions au journaliste.
Le communiqué de presse
D’une à deux pages, il sert à annoncer une actualité et a une fonction d’alerte pour le journaliste.
Dossiers et communiqués ne sont ni des articles ni des brochures commerciales mais des documents transmis aux journalistes pour leur communiquer des informations précises leur permettant de prendre connaissance d’un sujet rapidement.
Informations de monsieur tout le monde
Toute cette information entrante, permet de fixer un agenda de l’actualité à couvrir… ou pas en fonction des choix qui seront opérés en conférence de rédaction.
Quelles sources ?
Les réseaux sociaux
De plus en plus utilisés par les journalistes à la fois comme source mais aussi comme moyen de diffusion d’information. Souvent accusés de viralité, les réseaux sociaux sont pour les journalistes plus une source de tendance et un outil de veille.
Selon une enquête récente, « Journalistes et réseaux sociaux 2016 » (réalisée par la société Cision éditrice de logiciels de relations presse en collaboration avec l’Université anglaise Canterbury Christ Church), 90% des journalistes utilisent les réseaux sociaux.
En novembre 2016, Laurence Haïm devait animer en direct sur la chaîne iTELE une nuit américaine pour couvrir les élections présidentielles, mais sa direction annule l’émission. La journaliste utilise alors son réseau social, qui compte 152 000 abonnés, et va jusqu’à mettre en ligne un duplex depuis son téléphone portable pour couvrir l’événement.
Comment utiliser les réseaux sociaux ?
Rédigé à l'initiative du CLEMI de Paris en collaboration avec la DANE de l'académie de Paris, ce guide répond aux questions de conformité RGPD et de mise en œuvre technique et pédagogique en proposant de nombreux exemples de projets.
Il doit permettre aux enseignants d’utiliser les réseaux sociaux avec leurs élèves en classe de façon responsable, sécurisée et fiable, en toute sérénité, sans nuire à l’institution scolaire ni à ses acteurs.
Il propose des règles de bon usage numérique pour un comportement éthique, responsable, fiable et sécurisé sur Internet.
La recherche documentaire
Souvent le journaliste est amené à faire des recherches pour enrichir sa connaissance du sujet qu’il a à traiter. Là encore le maître mot est la fiabilité. Rapports, études, documents produits par les organismes, archives de la rédaction, presse, centres de documentation spécialisés et bien sûr internet sont alors consultés.
Les informateurs
Tout journaliste possède un carnet d’adresses qu’il enrichit au fur et à mesure de sa pratique. Basées sur la confiance, ces relations doivent aussi obéir à un ensemble de règles de prudence : ne pas agir masqué, toujours obtenir les documents de manière licite, rester lucide, ne pas se laisser manipuler…
Les lanceurs d’alertes
Le lanceur d’alerte est défini par le Conseil de l’Europe, comme « toute personne […] qui révèle des informations concernant des menaces ou un préjudice pour l’intérêt général dans le contexte de sa relation de travail, dans le secteur public ou privé ».
Pour Transparency International France, le lanceur d’alerte est « tout employé qui signale un fait illégal, illicite ou dangereux pour autrui, touchant à l’intérêt général, aux instances ou aux personnes ayant le pouvoir d’y mettre fin ».
Voir le guide pratique à l’usage du lanceur d’alerte français.
En France, la loi est en cours d’évolution pour étendre le droit d’alerte, initialement limité à la santé publique et à l’environnement.
En novembre 2016, la loi pour la transparence, la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, dit « projet de loi Sapin 2 », après des mois de débat, est l’occasion d’une définition française d’un statut de lanceur d’alerte qui « révèle ou témoigne de manière désintéressée et de bonne foi » des informations constituant « une menace ou un préjudice pour l’intérêt général ».
Sources et déontologie
Protection des sources et vérification des faits sont deux grands principes de la déontologie des journalistes définie par plusieurs textes de référence.
La charte de Munich
Appelée aussi “Déclaration des devoirs et des droits des journalistes”, cette charte comprend 15 articles précis et concis en faisant un véritable texte de référence européen. Les sources apparaissent dans les deux secs du texte :
comme devoirs : “7) garder le secret professionnel et ne pas divulguer
la source des
informations obtenues confidentiellement” ; c’est ce qu’on appelle le “secret
professionnel”
comme droits : “1) Les journalistes revendiquent le libre accès à
toutes les
sources d’information et le droit d’enquêter librement sur tous les faits qui
conditionnent la vie
publique. Le secret des affaires publiques ou privées ne peut en ce cas être opposé au
journaliste
que par exception en vertu de motifs clairement exprimés.”
La convention collective reprend partiellement la charte de Munich sans y intégrer les éléments sur la protection des sources d'information. Certaines chartes internes de sociétés de presse reprennent aussi la charte de Munich (ex La charte d’éthique et de déontologie du groupe Le Monde : https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2010/11/03/la-charte-d-ethique-et-de-deontologie-du-groupe-le-monde_1434737_3236.html), d’autres non mais intègrent des ajouts précis sur les sources ( La charte éthique de «Libération» ).
La charte d’éthique professionnelle des journalistes
Rédigée par le syndicat national des journalistes français, cette charte reprend la notion de sources en précisant qu’un “journaliste digne de ce nom… proscrit tout moyen déloyal et vénal pour obtenir une information. Dans le cas où sa sécurité, celle de ses sources ou la gravité des faits l’obligent à taire sa qualité de journaliste, il prévient sa hiérarchie et en donne dès que possible explication au public (...) et “Garde le secret professionnel et protège les sources de ses informations” ;
La difficile protection des sources
En France le débat est encore en cours.
2010 : loi Dati le régime du secret des sources peut être actuellement contourné dès lors qu'un «impératif prépondérant d’intérêt public» le justifie. Octobre 2016 : proposition de loi visant à renforcer la liberté, l’indépendance et le pluralisme des médias. Novembre 2016 : le conseil constitutionnel censure l’article 4 de la loi sur la liberté, l’indépendance et le pluralisme des médias
Les décodeurs
Le fact checking
La multiplicité des sources et la rapidité de diffusion de l’information engendre de nouvelles techniques journalistiques
En matière de sources, il s’agit de la vérification par les faits ou fact checking. Cette technique vise à reprendre le discours politique ou médiatique en le passant au crible des faits grâce à l’interrogation de base de données, notamment facilitée par l’open-data, mais aussi de témoignages. Elle s’appuie aussi sur les réseaux sociaux et les démarches collaboratives et citoyennes.
Lancée en France à la fin des année 90 par la création du site internet Acrimed, et l'émission de télévision Arrêts sur image et aujourd’hui, elle est aujourd’hui enseignée dans les écoles de journalisme.
A voir
Plusieurs journaux proposent désormais leur rubrique :
- « Les décodeurs » de Le Monde : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/
- « Désintox », de Libération : https://www.liberation.fr/Désintox,99721
- Les observateurs de France24 : https://observers.france24.com/fr/
Decodex
Le Monde a décidé de s’engager dans l’éducation à l’information. C'est pourquoi « Les décodeurs » proposent Decodex, pour donner aux élèves les clés pour une lecture critique et distanciée de ce qu’ils lisent ou consultent tous les jours à la télévision ou sur leur smartphone via Facebook, Twitter, Snapchat et autres réseaux sociaux.
Mais decodex c'est aussi :
- un moteur de recherche qui permet de faire une recherche par l’adresse d’une page web ou par le nom d’un site : https://www.lemonde.fr/verification/
- un logiciel de discussion sur Messenger de Facebook qui donne des réponses automatiques sur les sites à vérifier et des conseils sur la manière de vérifier l’information : https://m.me/lesdecodeurs
- une extension pour les navigateurs Chrome et Firefox qui installe un petit logo « D » dans la barre de navigation qui change de couleur et en explicite les raisons avec description du site, c'est sans doute elle qui fait l'objet des plus grandes critiques
- des articles pédagogiques sous forme de kit à destination des enseignants avec une compilation de conseils, dessins, cas pratiques et exercices.
Qu’est-ce qu’une information ? Qu’est-ce qu’une source ? Vérifier une rumeur. Vérifier une rumeur, une image, une vidéo ; Comment reconnaître une théorie complotiste ? Comment lire un sondage ? Exercices.
TéléchargerLa controverse
"Nul ne contestera que les enjeux de l’évaluation de l’information sont de plus en plus importants et que l’outil peut avoir un réel intérêt pédagogique en contribuant à développer chez les internautes une attitude critique et une culture de l’information.
Pour autant, il semble essentiel de ne pas s’en tenir au seul jugement des Décodeurs (juge et partie parmi les sites de presse) et de développer une réflexion sur le principe même d’une labellisation des sites. L’éducation à l’information ne peut pas être accaparée par un seul journal, aussi légitime soit-il, alors que de nombreux acteurs (bibliothécaires, journalistes, professeurs documentalistes, enseignants, modérateurs, etc.) détiennent des compétences en la matière et pourraient mettre en commun cette culture informationnelle. À l’instar du Monde, on peut aisément imaginer que d’autres proposeront leur propre système d’évaluation – servant leurs propres intérêts –, qu’il s’agisse de plates-formes privées comme Facebook, des conspirationnistes eux-mêmes ou de l’État, qui trouverait là un moyen de restaurer une régulation par en haut de l’Internet.
Plus fondamentalement, c’est méconnaître les mécanismes mêmes de l’information que de prétendre automatiser et uniformiser son évaluation. Les indicateurs sont utiles à condition qu’ils puissent être contextualisés, discutés… et contournés. L’information doit toujours être rapportée à un régime d’autorité particulier, à des connaissances, des croyances ou des consensus localement ou socialement situés, et c’est cet environnement que l’intelligence collective peut mettre en évidence, contre l’illusion d’une fiabilité immanente. Le fait d’établir un critère global de fiabilité au niveau des sites est par ailleurs discutable, car cela peut dépendre des articles et de la qualité de chaque contribution."
www.savoirscom1.info/
Pour aller plus loin !
Ressources en ligne
Qu’est-ce qu’une source ?
Au total 100 fiches consultables et téléchargeables gratuitement. Celle consacrées aux sources présente une définition et explique le nécessaire rapport de force à maitriser.
hwww.24hdansuneredaction.com/presse/9-les-sources/Petit film d’animation (2:17) de la collection La clés des Médias permettant de comprendre ce qu’est une source à travers l’histoire d’un projet immobilier.
education.francetv.frD'où viennent les informations des journalistes ?
Des élèves de sixième posent leurs questions au directeur de France Info.
www.francetvinfo.fr/Comment les journalistes s'informent-ils ?
Fiche pédagogique du Clemi
www.clemi.org/fr/ressources_pour_la_classe/Comment vérifier les images des réseaux sociaux ?
De plus en plus d’intox circulent sur les réseaux sociaux, que ce soit sur les migrants, la guerre en Syrie. En fait sur à peu près tous les sujets d’actualité. Un type de manipulation y fleurit particulièrement : les détournements de photos et de vidéos.
La mauvaise nouvelle, c’est que les médias n’ont pas les moyens de vérifier toutes ces images sur le terrain. La bonne, c’est qu’il existe aujourd’hui tout un panel d’outils et de techniques qui permettent d’enquêter sur ces hoax.
Cette page fait le tour des techniques pour vérifier les sources.
observers.france24.com/fr/