Si le marché des drones de loisir a tendance à se tasser, notamment du fait de règlementations de plus contraignantes, celui des drones professionnels, que ce soit dans l’industrie, des équipements et services, de la détection et l’imagerie aériennes haute définition, ou des usages militaires -qui avaient été quelque peu laissés de côté par la France-, ne cesse de croître…
Et entre la surveillance, les documentaires, les courses, la guerre ou
le travail, les spectacles il y a presque autant de drones que d'utilisations différentes.
Petit panorama de l'offre et des enjeux.
« On les connait jouets (il s’en est vendu près de quatre cent mille l’année dernière en France, dont 64% pendant les fêtes) et ce record devrait bientôt être battu : cette année encore, ils seront dans quelques semaines en vedette aux pieds des sapins. Ils se rendent progressivement indispensables à la télé et au cinéma.
Les drones, ces aéronefs sans pilote, télécommandés ou programmés prennent imperceptiblement de plus en plus de place dans nos vies. Inspection de bâtiments de grande hauteur, surveillance des voies ferrées, gestion des foules par les forces de l’ordre, les applications ne semblent avoir comme limites que celles de l’imagination humaine. Et celles d’une réglementation naturellement pas encore adaptée aux possibilités de ces machines qui, pour le moment laissent perplexes les autres « usagers » du ciel. Pour certains pilotes d’avions ou d’hélicoptère, pour des personnes ayant en charge la sécurité publique, leur prolifération constitue même une menace. »
Comment en est-on arrivé à ces produits aussi aboutis que sont les drones
multi-rotors ?
Quelles
innovations récentes furent décisives pour permettre le développement des drones
grand
public ?
L'histoire du drone commence sans doute aves les cerfs volants, et donc en Chine, pour certains, au 4ème siècle avant J-C. Pour d'autres ce serait en Indonésie 9.000 à 9.500 avant J-C.
Dès l'origine, il y a une application militaire du cerf volant.
Le cerf-volant s’envolait par exemple dans le but d’apparaitre comme un sos lorsqu'une ville était assiègée. Au 18ème, Benjamin Franklin l'utilise afin de prouver la nature électrique des éclairs, inventant ainsi le paratonnerre. Les frères Wright s'en inspirent pour fabriquer le premier avion capable de voler.
En 1849, les Autrichiens font le siège de Venise et lachent des montgolfières munies de bombes pour tenter d'incendier la ville.
Le premier aéronef sans pilote décolle le 02 Juillet 1917. En 1918, un prototype de drone-torpille a vu le jour : le Kettering Bug. Pendant la seconde guerre mondiale que l’armée allemande développe à partir de 1938 des vecteurs guidés à distance, et notamment les tristement célèbres V1 et V2.
Le grand essor des drones date des Guerre de Corée et du Viêt Nam, puis pendant la guerre froide. Dans les années 1980, la doctrine de la guerre « zéro mort » a conduit à développer des drones armés notamment pendant la guerre Iran-Irak. Dans les années 2000, le drone est utilisé dans de nombreux conflits et opérations de maintien de la paix.
La chaine de Paladrone propose des essais et tutoriels sur les drones et leurs applications en région Rhône Alpes, autour du Lac de Paladru, de l'Avant-Pays Savoyard et du massif de la Chartreuse.
On les connait militaires, pour mener à grande distance des opérations diverses
de
renseignement
voire d’élimination. On les connait jouets. Ils se rendent progressivement
indispensables à
la
télé
et au cinéma.
Les drones, ces aéronefs sans pilote, télécommandés ou programmés prennent
imperceptiblement
de
plus
en plus de place dans nos vies. Inspection de bâtiments de grande hauteur,
surveillance des
voies
ferrées, gestion des foules par les forces de l’ordre, les applications ne
semblent avoir
comme
limites que celles de l’imagination humaine.
Tests, tutos, vidéos
Un drone est un aéronef sans pilote à bord (mais le plus souvent télécommandé). Il peut avoir un usage civil ou militaire.
En France, la réglementation incorpore les activités d'aéromodélisme avec celle des drones. Par abus de langage, le drone désigne alors tous les appareils « télé-pilotés », selon le terme consacré par la réglementation française, autrement dit outre les hélicoptères et avions, des voitures, bateaux etc.
Les premiers drones remontent à la fin de la Première Guerre Mondiale.
Dès 1916, Archibald Low lance l’Aerial Target un projet d’avion-cible commandé à distance par des ondes de TSF (Télégraphie sans fil) en Grande-Bretagne.
Le drone est donc bien centenaire…
Le transfert des technologies du secteur militaire au civil ouvert de nouvelles applications civiles dans des secteurs très variés et innovants.
Un drone, lors de son vol, embarque une charge utile spécifique. Par exemple une caméra vidéo, un appareil photo, des capteurs multi spectraux ou infrarouge. La visée des drones est de permettre aisément la capture de données aériennes qui par la suite peuvent être traitées et analysées (exemples : orthophotos, modèles numériques, cartographie, thermographie etc.).
Mais c'est aussi le suivi de production dans l’agriculture, la maintenance d’ouvrages d’art difficilement accessibles, la surveillance des départs d’incendies, etc.
Ou encore des usages moins licites…
Qu'ils soient de loisir ou professionnels, les drones peuvent être classés selon leurs usages.
Conçues pour la prise de vue aérienne, les avions et les ailes volantes ont la particularité de planer et permettent d'obtenir des temps de vols très intéressants sans consommer d’énergie sur votre batterie. Ce sont les voilures fixes.
Ils sont utilisés pour la surveillance, le transport, toute activité qui nécessitent des temps de vol longs.
Comment en est-on arrivé à ces produits aussi aboutis que sont les drones multi-rotors ? Quelles innovations récentes furent décisives pour permettre le développement des drones grand public ?
Le drone racing ou course de drones, est une pratique qui consiste tout simplement à réaliser une course dans un environnement sécurisé.
Elles peuvent être organisées en salle ou en milieu ouvert comme ci-dessous à Paris. Le pilotage se fait par casque immersif, en vol en immersion.
Il met en compétition des pilotes qui doivent parcourir un circuit en franchisant des points de passage exigés, les « gates » (portes) et les obstacles et tout cela à près de 300 km/h.
Join the Flying Revolution! The Drone Champions League is the world's first league in drone motorsport. Follow the world’s best pilots battling head-to-head in exciting races at unique and extraordinary locations all over the world. Visit us at a Drone Prix and experience drone-racing up close.
Les sous-marins pourront servir notamment à de l'inspection sous-marine (coques de bateaux, inspection de coraux etc.) et à la réalisation de prises de vue sous-marines. Ils peuvent suivre un plongeur équipé d’une radiocommande localisée par le sonar du drone ou déposer un objet au fond de l'eau.
The PowerDolphin is the multipurpose tool that fishermen were waiting for: it’s a bait-drop boat equipped with a powerful fishfinder and a 4K UHD camera that can film underwater and at the surface !
Engin mobile terrestre, sans équipage embarqué, il peut être programmé ou télécommandé. Sur certains modèles, des modules IA programmables via Scratch et Python sont proposés. Il permet d'appréhender et de comprendre certains principes de bases de physique, de mathématiques et de sciences en général.
En usages professionnels ils peuvent servir à l'inspection de conduites, de lieux pollués etc.
L'entreprise suisse Flyability a ainsi envoyé un drone filmer l'intérieur du réacteur 5 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, plus de trois décennies après l'accident nucléaire. C'est aussi le cas pour Fukushima.
Un robot est parvenu à se faufiler dans les entrailles du réacteur numéro 1 de la centrale de Fukushima, où la radioactivité est si forte qu'elle tuerait tout être humain en moins d'une heure. Le robot a parcouru 10 mètres avant de cesser de répondre.
Créée en 2006, DJI a réalisé un chiffre d’affaires de plus d’un milliard de dollars en 2015. DJI représente aujourd’hui 70 % du marché mondial et se décrit elle-même comme l’Apple du drone. En 2015, la société DJI s’est installée dans la Silicon Valley.
L’objectif de DJI est de devenir le D des « GAFAD », acronyme de Google, Apple, Facebook et Amazon. Elle est la propriétaire de toutes ses technologies et ne fait partie d’aucun consortium
Viennent ensuite 3 entreprises qui ont rejoint le consortium « drone code » dont l’objet est le développement d’une technologie en licence libre (ou « open source ») :
Plus de statistiques sur Statista
Cristina, 25 ans, est pilote de drone. Elle travaille principalement pour le
milieu de
l'audiovisuel : clips musicaux, documentaires TV…
Le nombre de télépilotes de drone a bondi en un an, mais les débouchés
restent timides.
Pour l'étudiant, « Avec la réglementation encore en évolution, c'est un secteur contraint, un milieu très concurrentiel qui va trouver son essor, mais c'est encore un pari risqué aujourd'hui », estime Olivier Deneuvis. Selon lui, « pour être sûr de trouver un débouché, il vaut mieux créer sa propre boîte, même si le marché arrive à saturation. ».
L'étudiantPiloter un drone nécessite de se conformer à des règles strictes de vol.
C'est la Direction de la sécurité de l’Aviation civile (DGAC) qui a pour mission de garantir la sécurité et la sûreté du transport aérien en plaçant la logique du développement durable au cœur de son action. Elle traite de l’ensemble des composantes de l’aviation civile : développement durable, sécurité, sûreté contrôle aérien, régulation économique, soutien à la construction aéronautique, aviation générale, formation aéronautique.
Elle édite un guide régulièrement actualisé sur le pilotage de modèles réduits et de drones de loisir. A minima, il vous faudra prendre connaissance des lois et règlement actualisés.
guide de pilotage à téléchargerLe site Geoportail propose une carte des zones de vol autorisées. Très souvent, les applications de pilotages proposent des cartes de vol et vérifient que vous n'êtes pas dans une "noflyzone" ou NFZ.
Les zones GEO qui interdisent le vol concernant les aéroports, les centrales électriques, les prisons etc.
Il est cependant possible aux professionnels de demander à désactiver une NFZ temporairement, par exemple pour réaliser un tournage proche d’un aéroport.
Même dans votre propre jardin, vous ne pouvez pas décoller ne serait-ce que de 20 cm si vous êtes dans une no-fly zone.
Geodrone propose une appli Geoportail qui affiche les zones autorisées.
Initialement prévue pour le 1er juillet 2020, la mise en place de la nouvelle législation européenne est repoussée au 1er janvier 2021.
Dans le cas d’un vol à risque faible, vous êtes donc dans la catégorie ouverte de la nouvelle législation. Celle-ci a peu de contraintes globales mis à part voler à vue et à une hauteur maximum de 120m.
Comment va t'on pouvoir voler avec des drones en 2021 avec les nouvelles lois européennes ? On décrypte la réglementation de l'Europe pour le loisir, accrochez-vous !
point par point tout ce qu'il faut faire pour respecter la réglementation et bien voler avec son drone de moins de 250g !
Aujourd'hui on répond à toutes vos questions sur la règlementation des drones et les lois européennes !
Portail public des pilotes d'aéronefs télépilotés
alphatango.aviation-civile.gouv.frEn cas d'infraction, « est puni de six mois d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende le fait pour un télépilote de faire survoler, par maladresse ou négligence, par un aéronef circulant sans personne à bord, une zone du territoire français en violation d'une interdiction prononcée dans les conditions prévues au premier alinéa de l'article L. 6211-4. »
Est puni d'un an d'emprisonnement et de 45 000 € d'amende le fait pour un télépilote :;
« Art. L. 6232-13.-Le télépilote reconnu coupable d'une des infractions prévues à l'article L. 6232-12 du présent code ou de l'infraction prévue à l'article 223-1 du code pénal encourt également la peine complémentaire de confiscation de l'aéronef circulant sans personne à bord qui a servi à commettre l'infraction. »
Assurer la sécurité des personnes et des autres aéronefs est de votre responsabilité. La connaissance des règles d'un bon usage d'un drone de loisir est essentiel.
La fabrication d'un drone est à la portée de tout bon bricoleur. Il existe même des kits « presque prêt à voler » avec le cadre, les moteurs et la plupart des pièces « de base ».
Ici, il ne s'agit évidemment pas d'apprendre à construire un drone. De nombreux sites existent pour cela.
http://www.robotshop.com/blog/fr/Schématiquement, un drone est constitué :
Un logiciel de programmation affiche une carte satellite de type Google Earth. Il suffit d’indiquer les points de passage à l’écran, la hauteur de chacun d’entre eux, éventuellement l'inclinaison de la caméra, la vitesse pour que le vol se déroule de manière automatique.
Un exemple avec les drones Parrot : http://blog.parrot.com/
C’est
l’outil le plus classique, hérité du radiomodélisme. Les
radiocommandes portent à une
distance
variant
entre
20 mètres pour les tout petits modèles et 10 km pour des
drones plus imposants.
L'on y ajoute généralement un Smartphone ou une
tablette.
C'est une fonction qui permet au drone de vous suivre – ou vous précéder, en suivant votre déplacement à la trace. Idéal pour se filmer tout seul pendant une activité sportive ! Techniquement parlant, vous êtes équipé d’un dispositif capable de déterminer votre position GPS en temps réel et la communiquer sans fil au drone, un Smartphone ou un bracelet GPS.
Le Return To Home, ou retour à la maison est une fonction de sécurité utile qui permet de revenir à un point précis (typiquement le point de décollage mais pas forcément ) et de se poser. Il peut être déclenché manuellement ou automatiquement par exemple lorsque le signal est perdu ou en limite batterie.
La trajectoire de retour peut aussi être programmée pour éviter les obstacles.
Outre les retours image sur Smartphone ou tablette, elle peut aussi être projetée dans des lunettes dites d’immersion. Avec ces lunettes, il est possible de piloter comme si on se trouvait assis dans le cockpit du drone.
www.federation-drone.org/Longtemps réservée aux seuls professionnels de par son coût très élevé (matériel lourd type scanners lasers), l’utilisation de la numérisation 3D de terrain restait anecdotique.
Avec les drones la photogrammétrie par corrélation dense ou bien encore par corrélation d’images devient accessible pour tous.
Il s'agit de retrouver la position dans l’espace de chaque point de la surface visible d’un sujet photographié à partir de l’analyse de plusieurs photographies prises sous plusieurs angles de vue différents.
Pour cela, un vol programmé (une mission) permet de balayer régulièrement un objet et de le photographier sous divers angles.
Dans un deuxième temps un logiciel, type Pix4D ou photoscan va reconstituer le nuage de points et appliquer une texture. Cette opération pourra nécessiter plusieurs heures de calcul.
La formation photogrammétrie par drone, dispensée par l'EMD, permet de comprendre les applications de la photogrammétrie, et de connaitre les techniques de vol automatique pour collecter les données et images géoréférencées.
Avec seulement quelques drones, puis désormais plus de 3000 en essaims commandés par ordinateurs, les spectacles de drones remplacent désormais souvent les feux d'artifice ou les jeux de lumière des spectacles.
Des entreprises proposent des spectacles de drones en intérieur et en extérieur.
Nouveaux record du monde en 2021 avec pas moins de 3051 drones en vol simultané.
Bien évidemment l'armée n'est pas en reste et étudie la possibilité d'utiliser les essaims de drones autonomes armés. Par exemple, Aux États-Unis, le département de la Défense a testé avec succès un groupe de 103 microdrones largués depuis trois avions de combat. Mus par une intelligence artificielle, ces petits engins de 16 centimètres de long ont démontré leur capacité à voler en formation et à prendre des décisions pour s'adapter aux circonstances.
La question des drones militaires n'est pas non plus
sans poser quelques questions
éthiques…
Les drones n’engagent pas seulement des
questions de doctrine militaire et
d’art de
la
guerre, mais posent des problèmes moraux, politiques
et métaphysiques dont il faudrait
mieux
débattre
avant
qu’il ne soit trop tard.
C'est le thème d'une émission de France Culture, Place de la Toile, animée par Xavier de la Porte interrogeant Grégoire Chamayou, Philosophe, chercheur au CNRS, au laboratoire Cerphi de l’ENS Lyon et donc l’auteur de cette Théorie du drone qui vient de paraître à La Fabrique.
« Avec le drone armé, entre la
gâchette sur laquelle on a le doigt et
le canon d'où
va
sortir le projectile, ce sont des milliers de
kilomètres qui s'intercalent. Cette mise à
distance
fait
éclater la notion même de guerre : qu'est-ce qu'un
combattant sans combat ? où est le
champ de
bataille
? et
peut-on vraiment parler de guerre quand le risque
n'est pas réciproque, quand des
groupes humains
entiers
sont réduits à l'état de
cibles potentielles – en attendant de
devenir légitimes ?
Dans la guerre à distance, peu importe que ce
soient des machines qui tuent des
êtres humains :
l'essentiel est qu'elles les tuent humainement. Ce
livre montre la gravité des questions
éthiques,
psychologiques, juridiques, que pose cette nouvelle
merveille de la technologie
militaire. »
Ces objets sans hommes qui volent presque sans arrêt, qui surveillent en permanence des pays avec lesquels les Etats-Unis ne sont pas en guerre les soi-disant frappes ciblées qui tiennent lieu de guerre contre le terrorisme et ont lieu à peu près tous les 4 jours dans un demi-secret l’idée que cette guerre serait humanitaire car précise car épargnant la vie des soldats américains et ces soldats américains qui tuent au Pakistan ou en Afghanistan depuis des hangars climatisés du Nevada, des soldats qui ne risquent rien mais qu’on dit affublés de syndrome post-traumatique… tout cela produit forcément un malaise.
En intelligence artificielle, les chercheurs développent des programmes qui doivent répondre à une problématique qui n’est pas clairement formulée. Et qui seront développés en fonction des différentes données en temps réel reçues par les capteurs du drone.
Un drone doit pouvoir s'adapter en fonction de sa
mission, de l’environnement et des
imprévus.
Pour l'instant, la collaboration entre le
drone et l’opérateur est encore
essentielle dans la
prise
de décision en particulier dans le domaine
militaire. Les efforts se poursuivent pour
tenter de
modéliser
cette expérience, ou « simplement » de
l’apprendre avec des réseaux de
neurones
artificiels.
Général d'armée, ancien chef de l'état-major particulier du président de la République
"Depuis 2012, elle est régulièrement dénoncée par une coalition de 51 organisations non gouvernementales (ONG) coordonnée par Human Rights Watch, dans le cadre de la campagne internationale « Stop Killer Robots » (« Arrêtez les robots tueurs »). Le mouvement de protestation a été relancé à grand bruit, le 28 juillet, grâce à une lettre ouverte signée par près de 3 000 personnalités, dont des chercheurs en robotique, des scientifiques comme le physicien Stephen Hawking et des figures de l’industrie high-tech, comme Elon Musk, PDG de Tesla Motors, ou Steve Wozniak, cofondateur d’Apple – des gens qu’on peut difficilement taxer de technophobie.
Pour eux, un tel robot militaire, et tous ceux qui risquent de suivre du fait des avancées rapides de l’intelligence artificielle, soulève de graves questions éthiques et juridiques qui remettent en cause le droit de la guerre.
Le plus inédit est de donner à une machine
autonome la possibilité de tuer. C’est un
droit moral
qui
a
toujours été réservé aux humains sur le
champ de bataille. Comme le rappelle un
responsable de
Human
Rights Watch, « il faut un homme pour
décider d’arrêter le tir et faire des
prisonniers,
pour
reconnaître un soldat portant un drapeau
blanc, pour évaluer si la riposte est
équilibrée ».
Or, le
robot sentinelle SGR-A1 est incapable de
faire ces choix : il tire
automatiquement sur tout
ce
qui
bouge. Ce faisant, il risque à tout moment
de violer deux principes du droit
international
humanitaire
(DIH), qui régit les conflits armés depuis
les conventions de Genève de 1949 et
leurs protocoles
additionnels ;
d’une part, la règle cardinale de la
« distinction » entre les
civils et les
militaires ;
ensuite, la nécessité d’éviter des
violences « disproportionnées » par
rapport aux
menaces,
et
donc de procéder à une évaluation.
On l’appelle SGR-A1. De jour comme de nuit, sur un rayon de 4 kilomètres, ce robot militaire décèle, grâce à son logiciel de « tracking », les mouvements d’un intrus. Mis en marche à distance, cet automate pour poste-frontière tire de lui-même, de façon indépendante, sur toute personne ou véhicule qui s’approche. Conçu par Samsung, il est équipé d’une mitrailleuse, d’un lance-grenades, de capteurs de chaleur, de caméras de détection infrarouge et d’une intelligence électronique. En septembre 2014, la Corée du Sud a installé plusieurs de ces engins le long de la zone démilitarisée qui la sépare de la Corée du Nord, afin d’éviter d’envoyer des soldats dans des endroits isolés.
www.lemonde.fr/culture/