Au sens populaire, manipuler c'est faire de quelqu’un ce que l’on veut. Ruse, tromperie, courtisanerie, cinquième colonne, les formes d'influence sont diverses et visent à contrôler ou influencer la pensée, les choix, les actions d'une personne, via un rapport de pouvoir ou d'influence.
L'on reproche ainsi souvent au cinquième pouvoir, celui des médias d’être un « instrument du pouvoir » et de l'argent, de vouloir « manipuler les esprits ».
Et que dire des réseaux sociaux, des algorithmes qui nous enfermeraient dans des bulles informationnelles ?
Du latin manipulus, poignée, de manus, main, la manipulation désigne l'emprise exercée par une personne sur une ou plusieurs autres dans le but de contrôler leurs actions ou leurs sentiments.
L'utilisation de ce mot n'est pas attestée avant le XVIIIème siècle.
Si l’on exclue la signification de « manœuvre suspecte », le terme est utilisé
à
l’origine pour désigner savants et scientifiques qui, avec soin, manient produits
chimiques et
solutions. Le terme entre dans le domaine du spectacle à travers les démonstrateurs
scientifiques.
Puis il s’applique aux jongleurs ou aux marionnettistes.
Ce n’est qu’au début du XXe siècle que les magiciens reprennent ce titre, reconnus comme tels par la presse.
Dans la correspondance de Voltaire le mot « manipulateur » apparaît en 1738, puis pour la première fois en 1760 dans un dictionnaire.
Traumatisé par la Fronde, qui l'obligera à fuir Paris, Louis XIV mettra la noblesse au pas, en la maintenant toujours sous sa surveillance. Ce sera le but de Versailles.
Les nobles se transforment en courtisans qui obéiront au doigt et à l'oeil. Ils dépenseront leur énergie à guetter les occasions de se mettre en avant auprès du roi, pour en obtenir les faveurs. La cour de Versailles a ainsi poussé l'art de la courtisanerie, l'étiquette à son acmé caricaturale.
Voir Sa Majesté sur sa chaise percée ou le "coucher" du roi, relevaient du privilège rare.
Et cet art de l’étiquette comptait au moins autant que la naissance ou le mérite.
Le traité de courtisanerie devient un genre littéraire.
Versailles, 1667. Louis XIV a 28 ans. Pour soumettre la noblesse et imposer définitivement son pouvoir absolu, il lance la construction de Versailles… comme on tend un piège. Louis XIV est un jeune roi hanté par un traumatisme d’enfance, la Fronde, une rébellion des nobles contre son père, Louis XIII… Il va se révéler être un stratège politique hors du commun, manipulateur, machiavélique, et va "inventer" Versailles pour éloigner les nobles de Paris, les garder sous contrôle, et progressivement transformer le château en une prison dorée. Il est aussi capable de passions romanesques. Mais comment les vivre quand on est le plus grand roi du monde ?
La série Versailles présente assez bien la courtisanerie à la cour de Louis XIV.
La manipulation comme l'escroquerie est d'abord un art de la mise en scène.
Entre stratagèmes en tout genre, manipulations, impostures et mythomanie, la bande annonce du documentaire par Olivier Mégato
Christophe Rocancourt a été condamné à de nombreuses reprises et a même fait de la prison. Notons qu'il est condamné pour abus de faiblesse et non pour manipulation.
L’Art de la guerre de Sun Tzu ou Sun Zi ou Souen Tseu (signifie "maître Sun") de son vrai nom Sun Wu (signifiant "militaire", "martial", (Ve siècle avant J.-C.) est le premier traité de stratégie militaire connu au monde.
L'idée principale de son œuvre est que l’objectif de la guerre est de contraindre l’ennemi à abandonner la lutte, y compris sans combat, grâce à la ruse, l'espionnage et une grande mobilité : il s’agit donc de s’adapter à la stratégie de l’adversaire, pour s'assurer la victoire à moindre coût (humain, matériel).
Etudié dans les écoles militaires, les classes préparatoires ou les écoles de commerce cet art de la guerre qui passe par l'intoxication et les fausses nouvelles a aussi été très utile aux services de contre-espionnage.
« Fake news », « post-vérité », manipulations de l’information, ces termes ont envahi l’espace médiatique. Vote sur le BREXIT, élections présidentielles américaines ou françaises, à chaque fois des soupçons de manipulation de la part du Kremlin ont été évoquées.
L’Institut de recherche stratégique de l’Ecole militaire (IRSEM) du ministère des armées et le Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) du ministère des affaires étrangères se sont auto-saisis du sujet.
Dans un rapport épais de 220 pages ils se proposent de faire un état de l’art sur les manipulations de l’information à des fins d’ingérence.
Rapport sur les manipulations de l'informationLa manipulation – par production, rétention ou déformation – est aussi vieille que l’information. Il existe d'ailleurs une profusion de termes utilisés, souvent sans être clairement définis pour désigner la manipulation de l'information : « propagande », « désinformation », fake news ou Infox, « post-vérité » mais aussi tous types de « guerre » (de l’information, psychologique, politique, idéologique, subversive, hybride, etc.).
Historiquement, c'est l’émission satirique américaine The Daily Show depuis 1999, qui assumait de truquer l’information pour faire rire.
Distinguons :
Alain Woodrow est un ancien séminariste puis journaliste au cours des années 1960 aux Informations catholiques internationales avant de rejoindre Le Monde dans les années 1970. Il affirme que ce n'est pas l'information ce sont pas seulement des faits qui sont exposés mais aussi une enquête et une réflexion sur ces faits. Et tout cela prend du temps, ce que n'ont pas les chaines d'information continue.
Tiananmen, Timisoara, « Tempête du désert ». Trois événements pour évoquer le rôle toujours plus important de l'information sur la scène mondiale. Un rôle arrogant, ambigu, malaisé. Tiananmen, ou le triomphe d'une télévision qui a relayé, de la cité interdite au monde abasourdi, la révolte des étudiants chinois. Timisoara, ou le dérapage de médias devenus trop sûrs d'eux. Ceux qui ont filmé la chute du mur de Berlin en direct pensaient-ils qu'il suffisait de crier « moteur ! » pour capter l'histoire en train de se faire ? Les uns et les autres oubliaient les risques de manipulation, la fabrication d'un faux charnier ou le maquillage d'un coup d'État en révolution. Enfin, « Tempête du désert », ou la déroute totale de l'information. La guerre à huis clos a administré une claque magistrale à la société de communication. Censurés, privés d'images, les journalistes en sont réduits à inventer une info - poudre aux yeux.
Partant de ces exemples de la dégradation constante de la communication, cet ouvrage analyse la lente dérive des médias vers l'information / manipulation. Plus qu'un simple mouvement d'humeur ou cri d'alarme, il examine le danger que représentent les défaillances répétées du « quatrième pouvoir » pour l'équilibre de la démocratie, dont il est un des piliers essentiels.
Comment influencer les foules ? À travers la figure d’Edward Bernays (1891-1995), l'un des inventeurs du marketing et l'auteur de "Propaganda", un passionnant décryptage des méthodes de la "fabrique du consentement"
Ce documentaire riche en archives retrace, à la lumière d’une analyse critique – dont celle du célèbre linguiste Noam Chomsky –, le parcours de celui qui, entre autres, fit fumer les femmes, inspira le régime nazi, accompagna le New Deal et fut l'artisan du renversement du gouvernement du Guatemala en 1954.
Les techniques de persuasion des masses apparaissent en Europe à la fin du XIXe siècle
pour
lutter contre
les révoltes ouvrières, elles sont développées aux États-Unis pour convaincre les
Américains de
s’engager dans la Première Guerre mondiale.
Peu connu du grand public, neveu de
Sigmund
Freud,
l'auteur du livre de référence Propaganda et l'un des inventeurs du marketing, Edward
Bernays
(1891-1995) en fut l’un des principaux théoriciens. Inspirées des codes de la publicité
et du
divertissement, ces méthodes de "fabrique du consentement" des foules s’adressent aux
désirs
inconscients de celles-ci.
Les industriels s’en emparent pour lutter contre les grèves avec l’objectif de faire adhérer la classe ouvrière au capitalisme et transformer ainsi le citoyen en consommateur. En 2001, le magazine Life classait Edward Bernays parmi les cent personnalités américaines les plus influentes du XXe siècle.
Edward Bernays s'inspirera des travaux du français Gustav Le Bon qui se dernier fera paraître vingt ans plus tôt le livre "Psychologie des Foules" en 1895.
Il y a des causes individuelles, liées à la nature humaine, relevant donc de la psychologie et de l’épistémologie, des failles cognitives et une crise de la connaissance qui nous rendent particulièrement vulnérables aux manipulations de l’information.
Et des innovations techniques : l’imprimerie, les médias de masse et internet. Cette dernière phase a elle-même connu une accélération encore plus spectaculaire depuis un peu plus d’une décennie, avec les médias sociaux.
Le risque de manipulations de l’information est accru :
Certes, tout contrat établit sous la contrainte est réputé nul. Mais comment établir objectivement la manipulation en droit ?
Un grand classique de l'escroquerie est celui du mariage. La victime est séduite, épousée puis dépouillée. Le manipulé consent parce qu'il se convainc lui-même. Il voit de l'amour là où il n'y a que l'argent.
Comment établir une faute, là où la victime est consentante ?
« Le fait, soit par l’usage d’un faux nom ou d’une fausse qualité, soit par l’abus d’une qualité vraie, soit par l’emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge. L’escroquerie est punie de cinq ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende. ».Article 313-1 du Code pénal
Escroquer c'est soustraire par fourberie
De la même manière, la loi de 1881 cite les "nouvelles fausses, de pièces fabriquées, falsifiées" autrement dit au sens de fake news ou d'infox, c'est-à-dire des fausses informations volontaires.
Mais diffuser des informations erronées ne relève pas forcément de la manipulation. Une enquête insuffisante, une information trop rapidement diffusée, des algorithmes mal maitrisés, autant de raisons de publier de fausses informations sans que pour autant cela relève de la manipulation.
www.legifrance.gouv.fr/
Le 20 novembre 2018, les deux propositions de loi contre la manipulation de l'information ont été définitivement adoptées à l'Assemblée nationale. Elles concernent les périodes d'élections générales.
A noter que la proposition initiale, « les fausses informations » a été remplacée par « la manipulation de l’information », dans le titre mais pas dans le texte.
Les opérateurs de plateforme en ligne doivent lutter contre la diffusion de fausses informations susceptibles de troubler l'ordre public ou d'altérer la sincérité d'un des scrutins. La transparence de leurs algorithmes est également demandée.
www.legifrance.gouv.fr/
Une manipulation mentale ou manipulation psychologique est — en psychologie — une méthode délibérément mise en œuvre dans le but de contrôler ou influencer la pensée, les choix, les actions d'une personne, via un rapport de pouvoir ou d'influence. Les méthodes utilisées faussent ou orientent la perception de la réalité de l'interlocuteur en usant notamment d'un rapport de séduction, de suggestion, de persuasion, de soumission non volontaire ou consentie.
Autrement dit, il y a bien une notion d'intentionnalité.
Et celle-ci peut être positive, par exemple dans l'éducation d'un enfant ou même la séduction amoureuse.
La manipulation mentale désigne une tentative de prise de contrôle de l'esprit et du comportement d'un individu ou d'un groupe d'individus, par l'utilisation de techniques de persuasion et de suggestion mentale qui permettent de contourner le sens critique de la personne, c'est-à-dire sa capacité à juger ou à refuser des informations. La manipulation mentale se différencie de la domination, par le fait qu'elle essaie d'obtenir de la ou des victimes qu'elles se comportent d'elles-mêmes, comme l'ont prévu les manipulateurs, et sans qu'elles soient conscientes de la suggestion extérieure.
Si le mot manipulation est d'abord associé aux sectes, le marketing, la publicité, la politique, ou même l'éducation, les relations intra familiales, et les médias sont aussi concernés.
Ces sont les plateformes numériques, c’est-à-dire Google, Facebook, YouTube, Twitter qui sont le lieu privilégié des campagnes de manipulation de l’information.
A ces plateformes s'ajoutent :
Ajoutons les acteurs automatisés ou semi-automatisés, bots et netbots, autrement dit de faux comptes Twitter ou Facebook permettant d’assurer une diffusion rapide des fausses informations, par le biais de retweets ou likes. Ils servent à amplifier les messages, introduire des hashtags, intimider ou bloquer d’autres utilisateurs.
Les trolls sont des individus réels qui saturent certains sites de commentaires, et/ou en harcèlent d'autres.
D’abord, le troll poste un message polémique pour faire réagir. Ensuite, lorsqu’un internaute a « mordu » à l’hameçon en s’engageant dans la discussion, il le ferre en s’y opposant systématiquement pour faire durer la « discussion ».
Pour jeter le discrédit sur une personne, les trolls l’accusent souvent de collusion avec un service de renseignement étranger et/ou de trahison. Pour la faire craquer, ils utilisent l’insulte, l’humiliation et la menace (de viol, de mort), à une fréquence élevée (parfois des dizaines de messages par heure).
Les trolls sur InternetStéphanie de Vanssayans son ouvrage « Manuel d’auto-défense contre le harcèlement en ligne », délivre quelques précieux conseils pour apprendre à dompter ses trolls. Au micro de Widoobiz, elle revient sur la bonne attitude à adopter face à ses détracteurs.
Myriam profite de la venue d’une célèbre YouTubeuse pour découvrir le monde des trolls ! Retrouvez « La famille Tout-Écran » dans son quotidien hyper connecté ! 10 nouveaux épisodes dans lesquels Erwan, Myriam et leurs 3 enfants sont confrontés à des situations problématiques liées aux écrans et au numérique. La série est réalisée en collaboration avec le Centre pour l’éducation aux médias et à l’information (Clemi).
Clément Viktorovitch
Des techniques de rhétorique, pas toujours moralement bonnes, mais à connaitre pour savoir les déjouer !
Isabelle Nazare-Aga a déterminé 30 caractéristiques du profil psychologique du manipulateur.
Cochez les caractéristiques dans lesquels vous vous reconnaissez ou reconnaissez quelqu'un.
Moins de 14 des caractéristiques
sur les 30 de cette liste ont
été cochées ?
Ce profil
n'est pas considéré comme étant
celui d'un manipulateur
psychologique.
Au moins 14 des caractéristiques
sur les 30 de cette liste ont
été cochées ?
Ce profil
est
celui d'un manipulateur.
Dans
les
manipulateurs sont parmi nous,
Isabelle Nazare-Aga montre
comment,sympathiques,
séduisants,
réservés ou carrément tyranniques, les
manipulateurs utilisent diverses manoeuvres
pour parvenir
à leurs
fins.
Agissant en douceur, ces proches -
parents, conjoint, connaissances, collègues
-
parviennent à
nous culpabiliser, à nous dévaloriser et à
semer en nous le doute et le malaise. Qui
sont ces
manipulateurs ? Comment s'y
prennent-ils pour nous tenir sous leur
emprise ? Sont-ils
conscients de
leur comportement ? Leurs victimes
portent-elles aussi une
responsabilité ? Quels sont
les
moyens de nous protéger de ces terroristes
du sentiment ? Dans cet ouvrage
percutant,
Isabelle
Nazare-Aga répond à ces questions et montre
à quel point les manipulateurs sont présents
autour
de nous.
Curieusement, la société actuelle confie à
ce genre de personnes des postes clés, sans
se
préoccuper des
dégâts psychologiques importants que
celles-ci peuvent causer à leurs
concitoyens.
Les cinq grands traits de personnalité, aussi connu comme le modèle à cinq facteurs (FFM), et le modèle OCEAN, est une taxonomie pour la personnalité des traits. Il est basé sur des descripteurs de langage commun.
Pour chacun de ces grands traits de personnalité, dites s'il est plutôt plus ou moins marqué (chez vous ou chez quelqu'un que vous connaissez.
Ceux qui obtiennent un score élevé sur cette dimension sont généralement créatifs, preneurs de risques, non traditionnels et curieux. Ce sont des tempéraments d'artistes et d'écrivains. Leur imagination et leur curiosité intellectuelle les aident à briser le moule des approches typiques.
Ceux qui obtiennent un score plus bas sur cette dimension ont tendance à être plus conventionnels, conformes et vigilants face aux changements. Ce sont des travailleurs idéaux dans les situations où les directives et les protocoles doivent être suivis. Préférant ce qui est connu plutôt que la nouveauté, ils aiment s’en tenir à des normes et peuvent très bien fonctionner dans un environnement plus routinier.
Un score élevé correspond à des personnes généralement plus organisées, disciplinées, responsables et prudentes. Ils ont de bonnes performances scolaires ou sont des employés appréciés pour leur persévérance et leur quête de l’excellence.
Un score plus bas sur ce trait montre une personnalité plus déstructurée et désordonnée, mais fonctionnant bien dans le chaos. La capacité à prendre des décisions plus difficiles peut être très utile dans des circonstances spontanées.
Personne affirmative et énergique. L’audace et l’enthousiasme que dégagent ces individus ont tendance à être perçus chez certains politiciens et hauts-dirigeants très présents dans le public.
Bien qu’ils semblent moins chaleureux que les extravertis, ces âmes plus calmes peuvent s’épanouir dans des rôles tels que les programmeurs et les analystes financiers, où la concentration et la nécessité d’être orienté vers la tâche l’emportent sur la sociabilité.
Un score élevé désigne une personnalité souvent de bonne humeur et éprouvant de la compassion.Simples et de nature aimable, ils ont tendance à être impliqués dans des rôles où ils peuvent aider les autres et oeuvrer dans les organisations à but non lucratif. Ils sont ces collègues qui mettront continuellement leurs tâches de côté pour vous aider.
Les scores plus faibles sur cette dimension peuvent entraîner la confrontation, les froids et l’égoïsme. Ils ont moins d’empathie ou de souci du bien-être des autres, ce qui peut entraîner des conflits. Pourtant, leur capacité à passer à travers les obstacles et prendre des décisions impopulaires peut éclipser leurs collègues plus “agréables”.
Parfois appelé instabilité émotionnelle, ceux qui obtiennent un score élevé sur cette échelle connaîtront plus de détresse émotionnelle comme l’anxiété, la colère et la faible tolérance. Leur tendance à mal interpréter les situations peut nuire à leur capacité à penser clairement et à faire face aux facteurs de stress dans leur environnement. Mauvaise humeur chronique et dépression. Cette dimension est essentielle, car elle peut avoir un impact énorme sur le rendement au travail. Ces travailleurs ont besoin d’encouragements, de renforcement positif et de réconfort des autres.
Ceux qui ont un résultat plus faible dans cette dimension sont plus stables et moins émotionnellement réactifs. Leur nature insensible les rend moins vulnérables et leur donne plus de contrôle sur leurs impulsions.
Derrière le profil Facebook que vous avez construit vous-même, il y en a un autre, un profil de l’ombre, construit à partir de votre activité, vos amis, vos likes, bref vos données.
Lorsque vous partagez la liste de vos contacts vous ne transmettez pas que des données administratives, mais vous en dites également énormément sur vous-même. 250 likes suffisent par exemple pour établir un profil assez précis pour savoir pour qui vous votez, ce que vous préférez et donc vous servir l'information qui vous fera rester sur la page.
Plus que jamais, c'est l'analyse critique qui va permettre de faire émerger le doute et plus de certitudes. C'est, aussi, l'esprit d'enquête qui fouine, valide, source, cherche, compare, analyses les signaux faibles etc.
Chaque jour, le professeur de rhétorique Clément Viktorovitch vient décrypter un fait d'actualité sur le plateau de Clique. Il vient mettre les points sur les i.
Les fake news se propagent 6 fois plus vite que les informations.
Donnez pour recevoir, telle pourrait être la maxime. Demandez quelque chose de trop coûteux (en temps, en argent, en énergie…) pour accepter. Puis demandez une chose beaucoup plus facilement acceptable.
Pourquoi cela fonctionne-t-il ? Grâce au principe de réciprocité. J'ai fait une concession, mon interlocuteur se sent comme obligé d'en faire une également.
Edward T. Hall définit quatre bulles dans lesquelles il différencie deux positions, proche et éloignée.
Théoriquement le toucher quand on n'appartient pas à la sphère intime est transgression. Dans les faits être touché renforce la confiance, rend de meilleure humeur.
La technique du pied dans la porte repose sur le principe de l'engagement. Il s'agit d'obtenir d'une personne une première décision à coût moindre et facile à réaliser.
L'on a montré par exemple que si vous demandez l'heure d'abord et après avoir obtenu une réponse, vous demandez une certaine somme, les réponses seront tendanciellement plus favorables.
En matière de chiffres on peut se tromper, on peut aussi manipuler les gens. Or, la statistique possède cette étrange capacité à convaincre. C'est d'ailleurs pour cela que plus aucune information ne saurait se passer de chiffres.
Pourtant…
Les pourcentages permettent facilement de comprendre les variations d'une quantité. Pourcentage et proportionnalité sont des notions introduites dès le primaire.
« Le chômage a augmenté de 10 % entre 2014 et 2015 puis diminué de 10 % entre 2015 et 2016. Les associations se félicitent de ce retour au niveau de 2015 ! »"
Pourtant il n'en est rien. Faites de calcul !
Une université étasunienne se soucie de la discrimination. En littérature, ils analysent une discipline qui regroupe les lettres classiques et moderne. Sur une promotion de 15 filles, 6 filles ont réussi l'examen contre 9 garçons. Le taux de réussite chez les garçons est donc de 50 % supérieur à celui des filles.
Pourtant il est facile de démontrer que, de fait, les garçons réussissent moins bien que les filles.
Réussite | Echec | Réussite | Echec | |
---|---|---|---|---|
Lettres classiques | 1 | 9 | 0 | 5 |
Lettres modernes | 5 | 0 | 9 | 1 |
De fait l'examen de lettres classiques est plus difficile et les filles ont majoritairement choisit cette filière.
Les diagrammes à secteurs ne sont pas de bonnes représentations des données. Ils ne permettent pas de déterminer facilement d'attribuer une valeur numérique à un élément dans un espace en deux dimensions.
La 3D ne facilite que rarement la lecture des données.
La base des diagrammes à bâton n'est pas la même ce qui fausse la lecture.
La Rhétorique désigne l'art du bien parler, l'art qui donne les règles du bien-dire. L'éloquence persuasive.
Clément Viktorovitch vous présente son ouvrage "Le pouvoir rhétorique : apprendre à convaincre et à décrypter les discours" aux éditions Seuil. Rentrée Sciences-Humaines automne 2021.
Provoquer des changements comportementaux forts chez les citoyens, usagers ou consommateurs en proposant des modifications simples et peu coûteuses des « architectures de choix », c’est l’expertise de la BVA Nudge Unit fondée sur les enseignements les plus récents et novateurs de la Behavioral Economics.
La théorie du Nudge (ou théorie du paternalisme libéral) est un concept des sciences du comportement, de la théorie politique et d'économie issu des pratiques de design industriel, qui fait valoir que des suggestions indirectes peuvent, sans forcer, influencer les motivations, les incitations et la prise de décision des groupes et des individus, au moins de manière aussi efficace sinon plus efficacement que l'instruction directe, la législation ou l'exécution.
Nudge, ou « coup de coude » en français, plus souvent traduit par « coup de pouce », est une technique pour inciter des individus ou l'ensemble d'un groupe humain à changer tels comportements ou à faire certains choix sans être sous contrainte ni obligation et qui n'implique aucune sanction.
L'exemple le plus connu est celui de la mouche des urinoirs. Il s'agit d'une fausse mouche, peinte à même la porcelaine de certains urinoirs pour inciter à viser la mouche plutôt qu'à côté. Ce procédé a été expérimenté à l’aéroport de Schiphol aux Pays-Bas dans les années 90 et aurait généré une réduction des éclaboussures et une diminution de près de 70% des coûts de nettoyage.
Né en 1979 et théorisé par Daniel Kahneman et Amos Tversky,le nudge est aujourd’hui appliqué en marketing, design industriel mais aussi politique. Dès 2010, David Cameron, puis en 2013 Barack Obama, dotent leurs administrations respectives d'une "Nudge Unit". Des structures qui proposent aux gouvernements d'utiliser les enseignements de l'économie comportementale pour améliorer l'action publique.
En France, en 2013, le SGMAP, le Secrétariat général à la modernisation de l'action publique, commence à s'intéresser à l'économie comportementale et au nudge pour construire des politiques publiques plus efficientes. Aujourd'hui, c'est au sein d'une unité rattachée à Bercy, la DITP (Direction interministérielle de la transformation publique) que trois personnes tentent de développer la culture et la pratique de l'économie comportementale.
L’objectif premier du Nudge est d’impulser des actions responsables et citoyennes : réduire sa consommation de papier ou d’emballage plastique, payer ses impôts, limiter sa consommation énergétique, etc. L’enjeu est de faire basculer de l’intention à l’action. En effet, si la première se construit progressivement à travers la pédagogie, la communication, l’information, la seconde relève elle d’une modification de comportement.
Jusqu'où l'incitation à changer de comportement peut-elle aller ? Par exemple, inciter les femmes à ne pas avorter en dressant des barrières dans leur parcours est-il éthique ?
Thaler et Sunstein rappellent qu'un nudge "éthique" doit être transparent et présenté comme tel, de manière explicite et facilement contournable.
Un autre problème est celui de supposer que les gens n'agissent pas de manière très rationnelle dans leur vie de tous les jours, et que ce comportement peut être amélioré de l'extérieur par des gens bien intentionnés. Envoyer des SMS pour améliorer la collecte des impôts, c'est très bien, mais c'est la même "nudge unit" qui a aussi lancé le referendum sur le Brexit.
Reste aussi la question des fake news. Les bulles informationnelles de gens qui sont d'accord avec nous facilitent la désinformation. Nous avons donc, de manière urgente, besoin de "nudges" contre les "fake news".